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Chef d’œuvre de l’architecture de transition, l’abbaye cistercienne de Fontfroide, qui s’élève à une dizaine de kilomètres de Narbonne (Aude), est considérée comme une des plus somptueuses de France. 130 000 personnes, chaque année, font le déplacement pour admirer ce lieu où les pierres parlent aux visiteurs, ses jardins en terrasses et sa vaste roseraie. Sur les terres de l’abbaye, qui s’étendent sur 800 hectares, sont aussi produits des vins, sous la direction de Laure de Chevron Villette. Découverte du lieu et des vins qui se caractérisent par leur fraîcheur, issue notamment du terroir, leurs arômes fruités et leur équilibre général. Des vins dont certaines cuvées sont primées lors de concours de dégustation.

Photo de Une : © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

La cour de travail, dénommée cour Louis XIV, de l'Abbaye de Fontfroide. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
La cour de travail, dénommée cour Louis XIV, de l'Abbaye de Fontfroide. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

Une 1ère notoriété acquise au 14e siècle

Fondée en 1093, l’abbaye doit son nom à une source voisine, la Fons Frigidus ‘la Fontaine Froide’. Elle fut rattachée à l’Ordre de Cîteaux en 1145. L’Ordre, dirigé par Saint Bernard de Clairvaux, prônait la pauvreté, l’austérité et la sobriété architecturale et la mesure dans la consommation des vins. Les moines cisterciens y ont, pendant des siècles, produit du vin. En fait, c’était les convers de l’abbaye, prêtres non soumis à l’obéissance monastique, qui avaient pour charge les travaux agricoles et manuels et donc la production des nectars, qui dans un lointain passé étaient probablement des vins sucrés. D’abord destinés à la consommation ‘raisonnable’ (lire l’encadré en supra) des moines, les vins sortirent des caves de l’Abbaye et atteignirent une immense notoriété en 1334 lorsque Jacques Fournier, ancien Abbé de Fontfroide, élu Pape (le 197e) cette même année sous le nom de Benoît XII*, les promut en les faisant accéder à la table papale.

Gustave Fayet fait renaître Fontfroide et ses vins

En 1901, après le départ, pour l’Espagne, des derniers moines (deux communautés ont vécu à l’abbaye), le domaine et les vignes furent laissés à l’abandon. Mis en vente par la ville de Narbonne en 1908, le domaine est racheté lors d’une vente à la bougie par Gustave Fayet (1865-1925) et son épouse Madeleine, née d’Andoque. Le riche propriétaire agricole, mais aussi artiste, mécène, collectionneur et viticulteur, et son épouse entreprendront un long travail de restauration et feront venir et travailler à l’abbaye de nombreux artistes, dont Odilon Redon.
Mais revenons à la vigne et à son développement plus récent, en 1983. Cette année, Nicolas d’Andoque de Sériège, descendant de Gustave Fayet, prend la gérance de la SCI familiale dont les parts sont réparties entre 79 copropriétaires. Il entreprend à partir de 1986 un travail de restauration. Il fera replanter de la vigne sur les parcelles déjà exploitées par les moines qui, au fil des siècles, surent trouver les meilleurs endroits, les mieux exposés où planter de la vigne. Suivirent des acquisitions d’anciennes terres.

Laure de Chevron Villette à Saint Julien de Septime (Narbonne -11) où se trouve une ancienne grange de l'Abbaye, réaménagée en cuverie. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
Laure de Chevron Villette à Saint Julien de Septime (Narbonne -11) où se trouve une ancienne grange de l'Abbaye, réaménagée en cuverie. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

Une nouvelle génération à l’orée du XXIe siècle

Aujourd’hui, c’est sa fille, Laure de Chevron Villette, qui tient les rênes du domaine. Laure reprit l’exploitation viticole en 2004 avec son époux Nicolas de Chevron Villette. Le couple replanta de la vigne, rénova le vignoble qui prit alors une autre dimension, et posa les jalons de la gamme actuelle. Concomitamment, tout en s’occupant de l’activité de restauration de l’Abbaye, Laure (avocate) et Nicolas (Diplômé de l’Essec) retournèrent sur les bancs de l’école et décrochèrent, en 2005, au lycée de Narbonne, leur Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole (BPREA) en viticulture. Ils partageront les bancs du lycée de Narbonne avec Damien Ardid qui les rejoindra à Fontfroide pour prendre en charge la conduite du vignoble.

Sébastien Vincent, responsable de la commercialisation, Loïc Delbourg, maître de chai et Laure de Chevron Villette directrice et copropriétaire du domaine de Fontfroide. Photo© Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
Sébastien Vincent, responsable de la commercialisation, Loïc Delbourg, maître de chai et Laure de Chevron Villette directrice et copropriétaire du domaine de Fontfroide. Photo© Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

Depuis la disparition de Nicolas le 1er juillet 2017, Laure continue de diriger l’exploitation et d’investir. Le domaine a ainsi récemment planté de syrah de nouvelles parcelles situées sur les hauteurs de Fontfroide. Signe de reconnaissance du travail réalisé, les vins de Fontfroide se distinguent régulièrement lors des concours viticoles.

*Benoît XII fit aussi construire le palais de Papes à Avignon où il mourut en 1342.

Extrait de la règle de St Benoît
(chapitre 40 ; point 1 à 5)

1 - Chacun « a reçu de Dieu son don particulier : l’un celui-ci, l’autre celui-là. (1 Cor 7,7)
2 – Aussi avons-nous quelque scrupule à régler l’alimentation d’autrui.
3 – Toutefois, ayant égard au tempérament des faibles, nous pensons qu’une « hémine(1) » de vin par jour suffit à chacun.
4 - Ceux à qui Dieu donne la grâce de s’en abstenir, sauront qu’ils recevront une grâce particulière.
5 – Si la situation du lieu, ou le travail, ou l’ardeur de l’été demandent davantage, le supérieur en décidera ; mais il veillera en tout à ce qu’on ne tombe ni dans la satiété ni dans l’ivresse.
(1)Ancienne mesure de vin valant une demi-chopine, soit 0,24 litre.

Vues de l'Abbaye Sainte-Marie de Fontfroide (lecture de haut en bas et de gauche à droite) : L'église abbatiale de Fontfroide / La salle Capitulaire / L'entrée de l'église / Le réfectoire de convers / La statut de Jupiter dans les jardins en terrasses /  Le cloître / La Croix* de Fontfroide / La chapelle des morts avec, au centre, la croix de pierre (calvaire) / Les vitraux de la chapelle des morts réalisés en 2009 par Kim En Joong, prêtre dominicain sud-coréen, peintre et vitrailliste. Photos © Pierre d’Ornano/Aeternus.fr

*Sise en haut de cette colline verdoyante, surplombant l’Abbaye de 100 mètres, la croix de fer construite par Martin Cabart, fut érigée en 1958. Elle remplaça celle, en bois, mise en place par les moines cisterciens, qui brula en 1956. On y accède par un sentier depuis les jardins de l’Abbaye. Une belle promenade à faire en famille, après une dégustation, avec comme récompense un magnifique panorama à admirer.

Le domaine viticole ...
un terroir entre mer et océan, idoine pour la vigne

Entre la cité de Carcassonne et la blanche station balnéaire de Leucate (sud-est du département de l'Aude), le territoire des corbières est entouré à l’ouest et au nord par l’Aude, au sud par les premiers contreforts pyrénéens et à l’est par la Méditerranée. On y dénombre 10 terroirs et une large palette de microclimats. Sur cette zone, les influences océaniques s’amoindrissent au fur et à mesure que l’on s’approche de la Méditerranée.

Vue du domaine de Fontfroide prise depuis la croix de fer de Martin Cabart. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
Vue du domaine de Fontfroide prise depuis la croix de fer de Martin Cabart. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

La topographie marquée accentue encore le phénomène. Le domaine, logé sur les contreforts du massif de Fontfroide, au cœur du Parc National Régional de la Narbonnaise dont le paysage d’exception est classé Natura 2000, culmine à une altitude de 256 mètres. Il jouit d’une position d’équilibre entre influences océaniques et méditerranéennes.

Une maturité phénolique toujours atteinte

Dernier rempart avant la Méditerranée, le terroir de Fontfroide suit un sillon ouest-est. Orienté nord-ouest, le vignoble s’étale lui, entre garrigue, bruyères, pins et cistes, dans une zone très ventée. Cette orientation et le relief prononcé, avec ses zones d’ombre, constituent un rempart à la chaleur méditerranéenne. D’où un fort contraste thermique jour/nuit, avec une fraîcheur nocturne particulièrement propice à la maturation des baies de raisin. Une situation qui, grâce à une bonne maturité phénolique, permet l’expression d’intenses arômes fruités dans les vins. Et durant les années sèches ou de sécheresse, ce terroir, constitué de sols sablo-argileux sur de la roche mère de grès rose, assure une réserve hydrique suffisante. Précisons que ce grès rose servit à la construction de l’abbaye.

Un encépagement riche et adapté aux corbières

La surface viticole représente actuellement 45 hectares, dont 27 hectares sont en AOP Corbières et 18 ha en IGP Pays d’Oc. L’encépagement du domaine est réparti, pour les rouges, en ¼ de syrah et ¼ de grenache noir, auxquels s’ajoutent 3,6 ha de merlot, 2 ha de cinsault, 2 ha de mourvèdre et bientôt du carignan. Les blancs - chardonnay, roussanne, grenache blanc, rolle et muscat petit grain - et d’autres cépages comme le nielluccio (1 hectare) ou encore la marsanne et le marselan représentent environ 30% des vignes plantées en surface. Notons également la présence dans le vignoble du caladoc, cépage du pourtour méditerranéen, méconnu, issu d’un croisement grenache/malbec obtenu en 1958 par Paul Truel* de l’Institut national de la recherche agronomique de Montpellier (INRAe).Une multitude de cépages donc pour ce domaine cistercien, où les vignes ont été cultivées depuis 900 ans, avec des phases d’abandon.
Des cépages qui trouvent dans le terroir les ressources géologiques et des conditions climatiques idoines à leur culture, notamment pour les blancs et les rosés, souligne Loïc Delbourg, le Maître de chai … « Le terroir de Fontfroide est relativement facile pour produire du blanc et du rosé. C’est un terroir frais. Les récoltes se font en général en septembre, où il fait toujours beau. De fait on arrive toujours sur les blancs et les rosés à maintenir la même qualité. C’est plus compliqué sur les rouges, car on est obligé de laisser murir très longtemps, avec des récoltes qui se font en octobre, un mois où on est plus tributaire des conditions atmosphériques. C’est alors la météo qui décide. »

*Un des pontes, reconnu mondialement, de l'ampélographie, Paul Truel (décédé en 2014) donna « naissance » à ce cépage alors qu’il cherchait une variété résistante à la coulure de la vigne, ce qui valut au caladoc d’être aussi nommé « grenache qui ne coule pas ».

Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

11 références marquées par la spiritualité

Environ 3 500 hectolitres ont été produits en 2022, dont 1 300 hl vinifiés et mis en bouteille à Fontfroide. Avec une densité moyenne comprise, selon les cépages et la qualité souhaitée, entre 4000 et 5000 pieds/ha, les rendements moyens (AOP et IGP) se situent entre 30 et 40 hl/ha. La production propre, vinifiée sur place par le maître de chai, se répartit très majoritairement en rouge (900 hl en moyenne). Autour de 120 hectolitres sont généralement produits en rosé et, en fonction des années, entre 200 et 300 hectolitres sont vinifiés en blanc. En 2022, les deux tiers de la production, qui fut importante en volume pour ce millésime, sont allés en cave coopérative, contre la moitié en années normales. Enfin, depuis quelques années, tous les ans le volume de mise en bouteille est augmenté.
La gamme, riche de 11 références dans les 3 couleurs, dont un muscat à petits grains doux, comprend des Corbières d’appellation (67%) et des IGP Pays d’Oc (33%). La tradition cistercienne, ainsi que l’empreinte de l’abbaye, se retrouve dans les noms des cuvées : « Deo Gratias », « Ocellus », « Spiritualis », « Via Hominis » …
Pour découvrir la gamme des vins de Fontfroide cliquez ICI

La conduite de la vigne

Le domaine arbore les labels HVE 3 et Terra Vitis. Damien Ardid, responsable du vignoble, précise « l’exploitation est conduite en culture raisonnée, en phyto conventionnel, et nous sommes en zéro pesticides ». La lutte contre les insectes ravageurs (eudémis et cochylis …) se fait via la méthode de la confusion sexuelle. « Une partie du vignoble, pour les vins que nous embouteillons à Fontfroide, est taillée en cordon de Royat(1), avec 2 yeux sur le cordon. L’autre, destinée à la cave coopérative, est conduite en guyot. On palisse très haut pour garder une maximum de végétation, permettre une photosynthèse assez régulière et avoir des vins à la fois assez sucrés et acides, ce que nous recherchons » ajoute-t-il. Par ailleurs, dans une démarche qualitative, la partie des vignes destinée à la production propre bénéficie d’un enherbement annuel inter-rangs, avec un couvert végétal une rangée sur deux, afin de limiter la production. « Sur le Deo Gratias rouge et l’Ocellus rouge, et en fonction des années sur le blanc, on effeuille systématiquement et on vendange en vert. Il est organisé un passage tous les deux jours dans les rangs et quotidiennement à la fin pour pousser au maximum sur la maturité des baies. Je précise qu’on effectue moins de travaux en vert sur le rosé car il faut arriver à trouver de l’acidité, d’où la présence de mourvèdre et le cinsault dans l’assemblage du Deo Gratias rosé. Là aussi une sélection est faite dans la parcelle avec, à part pour le mourvèdre, et en fonction des années, des travaux en vert. Enfin, on vendange mécaniquement tout égrappé (la machine à vendanger dispose d’une table de tri) l’ensemble du domaine, et il est effectué un sulfitage lors de l’arrivée du raisin et à la mise en bouteille. »

La vinification

Les blancs et rosés …
L’exploitation, est dotée d’un matériel de pointe, dont une machine à vendanger New Holland avec égrappoir (les vendanges sont faites mécaniquement), un pressoir pneumatique à cage fermée et deux groupes de froid. La cave compte une trentaine de cuves, permettant de faire du parcellaire.

Le chai de vinification du domaine de Fontfroide, sis à Saint-Julien de Septime, sur l'emplacement d'une ancienne grange de l’abbaye. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
Le chai de vinification du domaine de Fontfroide, sis à Saint-Julien de Septime, sur l'emplacement d'une ancienne grange de l’abbaye. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

Le process de vinification est classique. La vinification des blancs et des rosés se fait en cuve inox, en macération pelliculaire, sans adjonction de CO2. La récolte se fait très tôt le matin, voire de nuit, dans les conditions les plus fraîches possibles. Les grappes sont maintenues sous SO2. « Le 1er groupe de froid refroidit directement les jus sortis du pressoir, en pressurage direct pour la plupart. On laisse débourber en lançant à 5 ou 6°C d’entrée pendant la 1ère journée. Le débourbage dure 24 à 36 heures en fonction de la récolte. Puis la fermentation démarre en température maîtrisée autour de 15 à 16°C grâce au second groupe de froid qui maintient l’eau dans les drapeaux de vinification des moûts ou dans les cuves avec une ceinture de froid » déclare Loïc Delbourg.

Les cuviers inox thermo régulés du domaine viticole de Fontfroide. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
Les cuves inox thermo régulées du domaine viticole de Fontfroide. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

… les rouges
Le même procédé de récolte est mis en œuvre pour les rouges, avec un égrappage sur la machine. L’encuvage est fait directement et suivant le profil organoleptique recherché, et en fonction des millésimes, les temps de macération sont plus ou moins prolongés.

Loïc Delbourg, le maître de chai, son parcours ... Aujourd’hui maître de chai, arrivé à Fontfroide en janvier 2006, Loïc Delbourg Après un Bac S, Loïc Delbourg décroche un BTS Viti-oeno au Lycée Charlemagne de Narbonne et complète sa formation avec une licence « Droit et Gestion de la filière viticole » à la faculté de Narbonne. Avant de travailler à Fontfroide, il a fait ses premières armes, pendant 2 ans, à la cave coopérative de Bizanet et de Saint-André aux Celliers de l’Aussou (11). Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
Loïc Delbourg, maître de chai de Fontfroide depuis janvier 2006. Son parcours : après un Bac S, Loïc Delbourg a passé un BTS Viti-oeno au Lycée Charlemagne de Narbonne et complété sa formation avec une licence « Droit et Gestion de la filière viticole » à la faculté de Narbonne. Avant de travailler à Fontfroide, il a fait ses premières armes, pendant 2 ans, à la cave coopérative de Bizanet et de Saint-André aux Celliers de l’Aussou (11). Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

« Les fermentations durent 4 à 5 jours et ensuite on laisse macérer en faisant des remontages quotidiens et des délestages si on a besoin d’aller chercher, d’extraire les matières de la pellicule. On en fait beaucoup plus pour les Deo Gratias ou les Ocellus rouges que pour un merlot des cuvées Via Hominis. Comme dit précédemment il est procédé à un sulfitage au moment de la récolte et lors de la mise en bouteille. Des levures sélectionnées sont utilisées.

Trois produits passent en fûts, le Deo Gratias blanc, le rouge et le Spiritualis. Le Deo Gratias blanc et le Spiritualis sont mis en fûts neufs. Au terme d’un vieillissement de 7 à 8 mois, ces blancs passent sur le parc du Deo Gratias rouge dans des fûts de 1 à 4 vins.

Les profils aromatiques recherchés

Concernant les profils organoleptiques, pour les blancs et les rosés le « credo » du domaine est de produire des vins très frais et fruités, assez clairs sur les rosés, donc sans lourdeur. Pour les blancs, en particulier pour le Via Hominis, à grande base de chardonnay, le fruit est recherché avec du gras*.

Sur l’Ocellus, à base de grenache blanc, roussanne et rolle, c’est la minéralité qui est mise en valeur avec de la tension, sans toutefois négliger le gras et la profondeur. Le gras est aussi beaucoup plus recherché, et donc présent, sur le Deo Gratias (roussanne majoritaire et marsanne). Ce qui définit les vins rouges du domaine, surtout sur le Deo Gratias, ce sont les arômes de cassis.

Le cave d'élevage des vins de Fontfroide. Photo Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
Le cave d'élevage des vins de Fontfroide. Photo Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

Pour aboutir à cette palette de profils gustatifs, Loïc Delbourg précise que, notamment pour le Deo Gratias rouge, « le travail commence à la vigne avec une sélection des meilleures parcelles. Ces parcelles une fois délimitées, on choisit les rangs les mieux exposés et on fait le maximum pour que ce soit bon. En cuve on pousse tant que l’on peut extraire. »

*Le "gras" ou viscosité du vin est une texture décrite lors d'analyses organoleptiques. C’est ce qu’on appelle et qui est identifié par les "larmes" que l’on peut observer le long de la paroi du verre. Plus cette viscosité est épaisse, plus elles descendent lentement, plus on dira que le vin est gras. Nb. : Le gras est à différencier du corps ou encore de la densité, même s’il peut y avoir parfois corrélation.

(1)Les avantages du Cordon de Royat

- Les grappes sont étalées et profitent de l’aération, de l’ensoleillement et des traitements ;
- La taille en Cordon de Royat est une taille qualitative par limitation du rendement (-20 à - 30%) et de la vigueur ;
- Le Cordon de Royat permet d’obtenir des stades et des maturités homogènes ;
- En cordon de Royat, la prétaille est mécanisable et la récole est facile à la machine à vendanger.
Source : Institut Français de la Vigne (IFV)

Les vins sélectionnés

Voici une sélection de trois vins, dans les 3 couleurs, des millésimes 2019 et 2021, qui ont été dégustés lors d’une visite au domaine : l’Ocellus blanc 2021, le Deo Gratias rouge 2019 et le Deo Gratias rosé 2021.

Quid des millésimes, dixit Damien Ardid ...

« 2022 est une très bonne année, tant en qualité qu’en quantité. On a vendangé pendant 2 mois, du 25 août au 24 octobre, et la maturité est allée facilement à terme. Le millésime 2019 a été un peu similaire au 2022, avec de bonnes conditions climatiques, favorables à une bonne maturation des raisins. Idem en 2021, qui a succédé à une année 2020 beaucoup plus compliquée, caractérisée par des vendanges très humides. En raison du gel, nous avons enregistré 70% de pertes. Par soucis d’avoir des vins d’une qualité toujours homogène, il a été décidé de ne pas produire de Deo Gratias rouge ni de Spiritualis 2020. »

Occelus* blanc – AOC Corbières 2021

Ocellus 2021 - AOC Corbières - Abbaye de Fontfroide. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
Ocellus blanc - AOC Corbières 2021. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

Cépages : grenache majoritaire en 2021, rolle et roussanne. Macération à froid des moûts pendant 36 heures. Fermentation entre +16 et +17°. Deux parcelles : le Gué et le Roll orientées en travers nord et composées d’un sol argilo calcaire, un peu sablé.

Notes de dégustation
Robe : jaune clair.
Le nez est puissant et offre des arômes de pêche de vigne, de poire avec des notes de fleurs blanches. En bouche la fraîcheur domine et du gras apporte une structure qui tapisse le palais. Le vin est équilibré, vif, tendu avec une belle longueur et une persistance aromatique.
Distinction : 2 Étoiles au Guide Hachette des Vins 2023

Accords mets & vins
Un vin d’apéritif qui accompagnera aussi des plats à base de poissons, de fruits de mer, d’huitres. Il se mariera à merveille avec un fromage frais de chèvre ou une pâte cuite.
À boire dans les 2 ans.

Tarif : 12.10 € TTC
Nb.: le 2022 vient d'être commercialisé. Il affiche un profil aromatique voisin du 2021.

Deo Gratias rosé - AOC Corbières 2021

Deo Gratias rosé AOC Corbières 2021. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
Deo Gratias rosé - AOC Corbières 2021. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

Cépages : mourvèdre (70%), cinsault (20%), rolle (10%).

Notes de dégustation
Robe : rose/orangée, translucide et cristalline
Au nez ce vin délivre de délicats arômes de groseille et de grenade que l’on retrouve en bouche. Un vin complexe, bien structuré en bouche, frais, doté d’un bon équilibre acidité/sucrosité et d’une longue caudalie. Un rosé de gastronomie qui ne manque pas d’élégance.

Accords mets & vins
Un rosé que l’on peut servir en apéritif avec des tapas, mais aussi sur des salades, des plats méditerranéens, du poisson grillé, de la langouste.
À boire dans les 18 mois.

Tarif : 17.30 €

Intérieur du cloître de l'Abbaye. On retrouve la vigne sculptée sur chapiteaux. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
Intérieur du cloître de l'Abbaye. On retrouve de la vigne sculptée sur les chapiteaux du cloître. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

* « L’Ocellus ou petit oculus est une ouverture circulaire dans la pierre du cloître qui fait passer l’air et la lumière. Il allège l’architecture de pierre dans le prolongement des colonnades des galeries de l’abbaye. » Source : site de vins-de-fontfroide.fr.

Deo Gratias rouge – AOP Corbières 2019

Deo Gratias rouge 2019 - AOC Corbières. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
Deo Gratias rouge 2019 - AOC Corbières. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

Cépages : 2/3 syrah et 1/3 grenache. Nom des parcelles : Matarou, plantée en syrah, exposés sud-est et l’Acacias pour le grenache. Vinifié à 50% en barriques de 3 vins pendant 12 à 14 mois.

Notes de dégustation
Robe : rouge sombre, avec des reflets grenat.
Le cassis et la myrtille, avec les notes épicées de la syrah mais aussi le cacao entre dans la complexité des arômes qui s’offrent au nez de ce millésime 2019 du Deo Gratias. La bouche est explosive, délicate et harmonieuse. Les tanins sont soyeux. On perçoit de discrètes saveurs d’élevage et on retrouve, au fil de la longue caudalie, les arômes d’épices et de poivre perceptibles au nez. Pour une expression gustative optimale, nous conseillons de carafer le vin une heure avant de le servir.

Distinction : Médaillé d’Or au Concours des Vignerons Indépendants 2022

Accords mets & vins
Ce vin d’une certaine puissance, s’accordera avec des viandes rouges cuisinées en sauce, de l’agneau rôti, toute sorte de gibier (en période de chasse), mais aussi du magret de canard.
Garde : entre 5 et 8 ans.

Tarif : 20,50€ TTC

Informations pratiques

SAS les Vins de Fontfroide
Domaine Saint Julien de Septime - 11100 Narbonne
Tél. : 04 68 41 06 92

Horaires du caveau : du lundi au vendredi de 9h00 à 17h00

Le domaine produit entre 120 à 150 000 cols/an, 2/3 en rouge et 1/3 en blanc et rosé dont des rosés de gastronomie, le Deo Gratias (mourvèdre, cinsault et rolle) et l’Ocellus (grenache, syrah et cinsault).

Répartition des ventes : 15% export, 40% au caveau, sur le site de l’Abbaye, 10% lors des salons (Salon des Vignerons indépendants, Salon des vins d’Abbayes, etc. ), le reste est vendu dans le réseau CHR et chez des cavistes.

Pour accéder à la boutique en ligne cliquez ICI

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