Quincy 2019 - Domaine Adèle Rouzé, un sauvignon moderne pour un parfait accord avec des fromages au lait cru. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
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Fraîcheur, vivacité, les vins de Quincy semblent définitivement entrés dans la modernité. C’est la cas de l’unique vin du Domaine Adèle Rouzé, une jeune viticultrice qui, après des études de droit viticole, et 5 ans d’activité professionnelle dans le juridique, choisit de perpétuer la tradition vigneronne familiale en Champagne berrichonne.

Photo de Une : Quincy 2019, Domaine Adèle Rouzé, un pur sauvignon blanc © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

Continuité familiale

Lorsqu’on l’interroge, Adèle Rouzé déclare ne pas être une technicienne. Cette juriste viticole de formation baigne cependant, depuis toujours, dans l’univers de la vigne et du vin. Ses parents étaient vignerons sur Quincy, Reuilly et Château Meillant. Après 5 ans de droit elle décide, en 2003, de revenir sur le domaine familial, mais en créant sa propre exploitation en parallèle de celle de ses parents, le Domaine Jacques Rouzé, dirigé aujourd’hui par son frère Comes, œnologue. Comme son frère, Adèle fait partie du syndicat des Vignerons Indépendants de France.

Adèle Rouzé dans son vignoble de Quincy, 100% sauvignon blanc. © DR
Adèle Rouzé dans son vignoble de Quincy, 100% sauvignon blanc. Photo © DR

Entraide inter générationnelle

Le domaine Adèle Rouzé s’inscrit donc dans une histoire de continuité familiale et d’entraide inter générationnelle. Il compte, aujourd’hui, 5,5 hectares, plantés de sauvignon blanc sur les deux communes de l’appellation, Quincy et Brinay. Six hectares supplémentaires, offerts par sa mère, viendront s’ajouter à la propriété l’an prochain.
Le travail à façon est réalisé en partie avec la main d’œuvre et le matériel du domaine familial. « Sans cela, avec 5,5 hectares, je ne pourrais pas fonctionner en autonomie », reconnait la viticultrice. Les vins sont ainsi vinifiés ensemble, mais dans des cuves séparées. Lorsque tout est mis en bouteille, les parties commercialisation et stockage sont aussi différenciées.

Photo cuve inox thermorégulée, Domaine viticole Rouzé. Photo © DR
Cuve inox thermorégulée. Photo © DR

Vers la certification HVE3

L’exploitation est en viticulture raisonnée, mais très poussée. « On n’utilise plus de CMR(1), mais uniquement des produits bio ou biocontrôle [NDLR : protection des plantes fondée sur des mécanismes naturels de défense]. Sur le Centre Loire on essaye d’emmener tous les viticulteurs vers la HVE3(2), sachant que la certification sera inscrite dans la charte et que l’on sera quasiment tous obligé de l’avoir », précise Adèle Rouzé. Cependant, aucun label particulier n’est revendiqué, ajoute la vigneronne « à Quincy on peut avoir des soucis climatiques non négligeables, notamment des problèmes d’humidité. On veut garder la possibilité d’utiliser 1 fongicide ou 2, hors bio, s’il faut sauver la récolte in extremis. »
La récolte se fait mécaniquement « comme c’est le cas dans 90% des exploitations à Quincy » souligne Adèle Rouzé, le terrain, un plateau rectiligne, le permet. Pour ce qui est du rendement, le cahier des charges de l’appellation permet d’aller jusqu’à 65 hectolitres par hectare « ce qu’on n’arrive plus à faire depuis belle lurette, à cause d’un climat qui s’est réchauffé, même si le sauvignon peut atteindre des rendements de 100 hl/ha, souligne Adèle Rouzé. En 2019, on était en moyenne à 55 hl/ha. »

Une vinification traditionnelle

La vinification est traditionnelle. Les baies sont triées dès leur arrivée en cave, pressées immédiatement afin d’éviter toute oxydation. Les moûts sont ensuite passés en cuve inox thermorégulée. Un débourbage est réalisé à 48 ou 72 heures, lorsque c’est possible. Le domaine utilise des levures indigènes sélectionnées pour la fermentation alcoolique, qui s’étale sur quinze jours, avec une température qui est descendue à 17°. Enfin, il est procédé à deux sulfitages, avant le débourbage, juste après la presse, et au sous tirage et il y a peu de remontage, « tout dépend de la dégustation du jour » souligne précise Adèle Rouzé. Rappelons que le remontage permet, en fonction du vin que l’on souhaite et du terroir, d’extraire de la matière, et aussi d’oxygéner. Il peut également apporter une excès de verdeur.

(1) Les agents chimiques cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) sont encadrés par une règlementation afin d’informer et de prévenir des risques d’une exposition néfaste pour la santé.
(2) Le niveau 3 de la certification Haute Valeur Environnemental (HVE) se fonde sur un référentiel de 4 indicateurs de performance environnementaux : la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, le raisonnement de la fertilisation, et la gestion de l’irrigation.

Notes de dégustation

Mais revenons au vin d’Adèle, et plus précisément au millésime 2019 qui offre de belles qualités, pour un prix très raisonnable (8,50€).
Ce Quincy 2019, un 100% sauvignon blanc, à la couleur jaune citron, offre un nez citronné avec des notes de fleurs blanches. L’attaque est franche. La bouche se caractérise par de la fraîcheur, de la vivacité et une certaine minéralité. C’est un vin droit, bien construit, qui enveloppe le palais. A cette ampleur s’ajoute une certaine permanence en bouche et une finale sur des agrumes à maturité. Un vin plaisir, qui reflète le bon millésime 2019, décrit par la vigneronne comme « ayant eu des conditions atmosphériques idéales ».

Un nouveau profil pour le sauvignon

Vivacité, attaque en bouche, vin flatteur, ce sont les caractéristiques que recherche Adèle Rouzé, et qui sont bien présentes. Elle représente une nouvelle génération de producteurs, en phase avec les nouveaux consommateurs. « Il y a 15 ans, à cette époque, lors de la dégustation les vins étaient décrits comme verts, herbacés, tendus. On a, aujourd’hui, des vins qui se dégustent très tôt et très bien, avec des profils sur des arômes de fruits, des agrumes mûrs plutôt que sur du bourgeon de cassis typique du sauvignon. »

Pour atteindre ces objectifs, notamment une belle vivacité et une attaque franche, il n’y a pas d’autres secrets pour Adèle Rouzé que « la recherche d’un équilibre acide impeccable, avec un pH* qui se tienne. On fait du bon vin avec un raison propre, en étant très attentif à ne pas avoir de sur-maturité lors de la récolte, et en contrôlant constamment le pH à la vigne », poursuit-elle.

La cuvée 2019 Quincy, du Domaine Azèle Rouzé, un accord parfait avec des fromages au lait cru. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr
La cuvée 2019 Quincy, du Domaine Azèle Rouzé, un accord parfait avec des fromages au lait cru. Photo © Pierre d'Ornano/Aeternus.fr

Accords mets et vin

Ce vin fin, qui peut être servi en apéritif, accompagnera à merveille du poisson, des coquillages et crustacés mais aussi des asperges ou encore des fromages.
*Le pH, potentiel hydrogène ou niveau d’acidité du vin, est essentiel pour l’équilibre des vins. Il reflète la puissance acide des vins. Plus le pH est bas, plus le vin est acide. La majorité des vins ont un pH compris entre 2,9 et 3,9 (un pH neutre est à 7 unité, c’est celui de l’eau). Le pH est notamment lié au terroir et à la date de récolte des raisins. Par ailleurs, le pH agit sur la conservation du vin, plus il est bas et moins il est nécessaire d’utiliser de SO2, donc de sulfiter.

L’appellation Quincy

Le vignoble de Quincy est situé en Champagne berrichonne, dans le département du Cher, entre Bourges et Vierzon. Il est implanté sur les pentes douces des buttes d’un plateau situées à des altitudes variant de 110 à 133 mètres, sur la rive gauche de la rivière Cher. Orienté nord-sud, il est exposé vers l'est, partagé entre les communes de Quincy et Brinay. Première appellation d’origine contrôlée (AOC) reconnue en 1936 dans les vignobles du Centre, Quincy compte aujourd’hui 330 hectares de vigne, 33 vignerons et une coopérative, la Cave Romane de Brinay. On cultive la vigne sur ce territoire depuis l’antiquité. Pour les érudits, Quincy est cité dans la Bulle du pape Calixte II, qui date de l’année 1120.

Le cépage principal autorisé de l'AOC Quincy est le sauvignon B, qui fut introduit par les bénédictins de Cîteaux de l’abbaye de Beauvoir. Photo © DR
Le cépage principal autorisé de l'AOC Quincy est le sauvignon B, qui fut introduit par les bénédictins de Cîteaux de l’abbaye de Beauvoir. Photo © DR

Un sauvignon, toujours blanc et sec

Le Quincy est toujours un vin blanc, sec. Le cépage principal autorisé aujourd’hui est le sauvignon B, qui fut introduit par les bénédictins de Cîteaux de l’abbaye de Beauvoir prés de Quincy. L’encépagement peut être complété par du sauvignon gris, à hauteur de 10% maximum des surfaces.
Le climat de la région est semi-continental, chaud et sec. On est à Quincy sur un plateau de marnes du kimméridgien, en surplomb du Cher. Une couche d'alluvions silico-argileuse la recouvre. Le sol est réparti entre trois terroirs : sablo-graveleux sur une sous-couche d'argile ; sableux sur couche de sable rouge ; sablo-limoneux sur sable argileux ou argile plus ou moins sableuse. Les sables et graviers assurent un drainage de l'eau excédentaire, alors que la couche de marne, plus en profondeur, permet la constitution d’une réserve en eau pour la période sèche. Ces sols apportent, en outre, aux vins de la minéralité.
Les parcelles du Domaine Adèle Rouzé, plantées de très vieilles et de jeunes vignes, ne sont pas très grandes. Elle sont parsemées sur quincy et Brinay, les deux communes de l’appellation. La plus grande partie du vignoble est exposé sud-est. La production est un assemblage de toutes les parcelles.

Informations pratiques

Où l’acheter, les réseaux de distribution...

Dès le premier millésime, Adèle Rouzé a attaqué l’export pour vendre son vin. Un marché qui représente à ce jour 45% de ses ventes, essentiellement sur les USA, l’Europe et un peu la Thaïlande. En France le vin est distribué dans le réseau CHR (cafés, ) et un peu en GD, uniquement locale dans le réseau Leclerc. Un grossiste à l’exclusivité de la distribution en caves et en restauration sur l’Île-de-France. Les vins sont également présents chez de bons cavistes en Bretagne. Les ventes aux particuliers et à la propriété, en forte progression, représentent moins de 5% du volume.
Alors, n’hésitez pas à contacter Adèle Rouzé, au domaine, pour commander ou prendre un RDV pour une visite.

Adèle Rouzé - Quincy 2019
Son prix : 8,50 € à la cave.
Conservation : 3 à 4 ans.

Le site internet : Domaine Adèle Rouzé
- Cave et dégustation :
8 Route d’Henrichemont
18380 - Ivoy le pré
- Bureau :
Lieu-dit La Redderie
18380 - Ivoy le Pré
Tél. : 02 48 58 93 08
adelerouze@wanadoo.fr

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