La sculptrice Cévé, dans la Galerie Bel Air Fine Art, Village Royal à Paris 8. Photo © Pierre d'Ornano
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Dans la lignée du sculpteur animalier François Pompon (1855-1933), qui fut la petite main de Rodin puis dirigea son atelier, la sculptrice CÉVÉ remet au goût du jour l’animal-sujet avec une grande fraicheur, sans sophistication et sans l’exubérante superficialité du « marketing compliant » propre à d'autres artistes contemporains. CÉVÉ a été invitée par le Village Royal, à Paris, où des sculptures, créées spécialement pour l'occasion, sont visibles jusqu'en février 2021.

La sculptrice CÉVÉ, dans la Galerie Bel-Air Fine Art, Village Royal à Paris 8. Photo © Pierre d'Ornano / Aeternus.fr

« Young Forever »

Ses nounours « Young Forever » aux lignes épurées et fines, tendues et aux couleurs éclatantes, exposés Villa Royal, sont posés là comme une réminiscence de l’enfance, un cocon rassurant, avec un air de fêtes. Ils sont droits, le torse bombé, dans une posture de pleine confiance, comme interrogeant un interlocuteur sur sa capacité de bonheur.

Red Moon, de la sculptrice CÉVÉ, au Village Royal, à Paris. Photo © Pierre d'Ornano Aeternus.fr
Red Moon, de la sculptrice CÉVÉ, au Village Royal, à Paris. Photo © Pierre d'Ornano /  Aeternus.fr

CÉVÉ est dans une modernité qui s’appuie sur un artisanat traditionnel et donne une existence emprunte de joie à ses sculptures animalières. Ses œuvres sont inspirées par des rencontres avec des animaux : un cochon rose croisé lors d’un promenade dans la montagne en Suisse ou un basset guilleret qui court. Une source d’inspiration qui a toujours comme objectif de transmettre de la joie.

Un style épuré, pour susciter l'imagination

Le style impose la plus grande simplicité de l’expression des formes. « Quand une sculpture est épurée et très lisse, les personnes qui les voient peuvent rajouter, projeter quelque chose. Tandis que si on met tous les détails, les yeux … il y a quelque chose qui est imposé. J’aime que mes sculptures amènent une autre démarche, que ça ne s’arrête pas à moi. » Le touché est aussi très important pour CÉVÉ, qui a travaillé avec des personnes déficientes visuelles et qui pense avoir été, inconsciemment, influencée dans sa recherche de simplicité.

Des créations uniques

CÉVÉ est passionnée par la fonte, ses œuvres sont en bronze et en résine. Chaque pièce créée est unique, n’est pas un agrandissement, et est conçue artisanalement, des structures aux pigments des couleurs. Les moulages sont réalisés chez un fondeur artisanal, un des rares qui existent encore en France où l’on trouve encore les meilleures fonderies au monde. Il s’agit de Patrick Paumelle, de la Fonderie d’Art Paumelle Patrick, sise à Morsains, dans la Marne, qui fait du moulage à la cire. L’argenture – un procédé canadien très délicat – et la résine sont faites à Chartres par la société L-AÉRO. Si la démarche est sériel on est loin d’un art industrialisé, ce qui apporte, outre leur dimension artistique, une réelle valeur aux pièces.

Blue Moon, de la sculptrice CÉVÉ, au Village Royal, Paris 8. Photo © Pierre d'Ornano / Aeternus.fr
Blue Moon, de la sculptrice CÉVÉ, au Village Royal, Paris 8. Photo © Pierre d'Ornano / Aeternus.fr

… intégrant des innovations techniques

Les nounours Red Moon et Blue Moon qui font 2,50 m de hauteur, conçus spécialement pour l’exposition au Village Royal, sont en résine pleine et ont une finition glossy en argenture, qui donne un aspect ultra-brillant. Ils ont été traités pour résister au vent, à la pluie et au froid. L’oeuvre Ball Moon intègre sur son corps des paillettes hologrammes qui réagissent à la lumière et à l’éclairage du Village Royal. Les nounours changent de teintes en fonction de la luminosité ambiante. Il existe des modèles plus petits, en bronze et en résine, de 11 à 80 cm.

Deux Nounours, par CÉVÉ, dans la galerie Bel Air Fine Art Rivoli, à Paris. Photo Pierre d'Ornano / Aeternus.fr
Deux nounours, par CÉVÉ, dans la galerie Bel-Air Fine Art Rivoli, à Paris. Photo Pierre d'Ornano / Aeternus.fr

Un nounours... il fallait oser !

La démarche, dans laquelle s'inscrit CÉVÉ, la  situe, peut-être, à l’avant-garde d’une tendance qui s’inscrira dans le partage de la joie de la création pour susciter le bonheur de l’instant, loin des incertitudes et des angoisses existentielles de notre époque. Avouons qu’il fallait oser faire d’un nounours - le confident intime de l’enfance - une création artistique. Pari gagné, puisque c'est devenu une œuvre d’art reconnue par le monde des adultes. Soulignons que depuis sa création la collection à fait le tour du monde, de New-York à Shanghai.

Ball Moon de CÉVÉ au Village Royal, à Paris 8. Photo © Pierre d'Ornano / Aeternus.fr
Ball Moon de CÉVÉ au Village Royal, à Paris 8. Photo © Pierre d'Ornano / Aeternus.fr

Dans la lignée de Pompon

Ses autres productions, toujours animalières, rappellent les sculptures de François Pompon, une de ses références avec Alberto Giacometti « qui est, au contraire de moi, tout en angle et longueur », souligne-t-elle, et évoquent également l’art-africain. Elle est d’ailleurs depuis l'enfance passionnée par l’Égypte ancienne. « Au cours de mes études d’orthoptie j’ai remporté un concours pour reproduire des hiéroglyphes. C’était avec un professeur du Louvre. J’en ai fait des kilomètres et quelque fois je retrouve dans mes desseins une inspiration égyptienne. » Elle déclare aussi devoir « aimer les animaux qu’elle crée » en sculpture. Et chaque œuvre donne lieu à une étude du caractère et de l’anatomie de l’espèce.

Piggy et Gelinotte, bronzes lisses tendus, fonte à cire perdue - CÉVÉ © DR.
Piggy et Gelinotte, bronzes lisses tendus, fonte à cire perdue - CÉVÉ © DR.

Son parcours

Cette artiste, d’origine parisienne, qui ne quitte jamais le crayon, a un parcours professionnel riche. « J’ai toujours dessiné, confit-elle. Enfant j’avais toujours un crayon à la main, ce qui d’ailleurs me posait un problème en classe. Je voulais faire les Beaux-Arts, mais mes parents ne voulaient pas. J’avais deux passions, le dessin et la médecine. Mais j’étais nulle en math, donc les portes de la médecine m'étaient fermées. J’ai alors décidé de faire de l’orthoptie.

Diplômée en orthoptie, major de sa promotion

Je me suis inscrite au concours, que j’ai réussi. Ça a été difficile à cause de la physique, mais j’étais championne en schémas anatomiques. » CÉVÉ terminera major de sa promotion. Diplômée de la Faculté de Médecine de Paris, elle a ensuite cumulé les fonctions, dont chef de service à l’hôpital Broussais à Paris et au Centre National d’enfants déficients visuels de Montgeron (91).
« J’ai cumulé les postes. J’ai aussi fait de la recherche sur la vision des couleurs. Comme j’avais une certaine notoriété, j’ai été un jour invité dans un centre pour enfants déficients visuels, on m’a dit « c’est tellement gentil de venir travailler avec nous ». Je n’ai pas osé dire non et ça a été passionnant car on sortait les enfants de la canne blanche, on les aidait. Là, je me suis rendu compte que les livres pour enfants n’étaient pas adaptés pour ceux qui avaient une mauvaise vision. J’ai commencé à écrire des contes pour enfants, avec des dessins. Un des contes était l’histoire d’un nounours, qui s’appelait Bazile, et Bazile découvrait le monde. C’est le nounours que j’ai sculpté. »

Ball Moon et CÉVÉ, au Village Royal. Photo © DR
Ball Moon et CÉVÉ, au Village Royal. Photo © DR

Les modèles « je leurs mettais des ailes »

Après avoir arrêté de travailler pour élever ses trois enfants, elle apprend les rudiments du moulage dans un atelier municipal de Neuilly-sur-Seine. « C’était très bien, mais à un moment j’ai dû partir car on travaillait sur des modèles vivants, et dès que les modèles partaient je les transformais, je leurs mettais des ailes et on m’a fait comprendre que je n’avais pas ma place dans cet atelier. » se rappelle-t-elle avant d’exposer et de commencer une carrière d’artiste. « J’ai fait ma première exposition à Auteuil, il y a une vingtaine d’années. J’ai eu un prix puis un deuxième et les expositions se sont enchaînées. Je suis comme ça montée en grade, avec toujours cette même volonté de faire des animaux. »

Consacrée par le monde de l'Art

CÉVÉ a fait partie des salons historiques, au Grand-Palais, au Carrousel du Louvre, dont elle est devenue sociétaire. « Le Carrousel m'a confié la section sculpture, ça m'a permis de faire venir le musée Pompon, de créer le prix François Pompon et, en même temps, de réhabilité Camille Claudel », précise-t-elle. 

CÉVÉ a présidé, en 2013, la section sculpture de la Société Nationale des Beaux-Arts (SNBA), a été membre du bureau de plusieurs salons nationaux, de plusieurs jurys, commissaire d’exposition. Elle est membre de la Maison des artistes et de la société des Auteurs dans les Arts Graphiques et Plastiques (ADAGP). Aujourd’hui, les commandes monumentales affluent, notamment de Chine, où deux de ses nounours sont exposés dans un musée à Pékin. Ces pièces animalières sont présentent dans 30 pays, dont les États-Unis, l’Afrique du sud, le Mexique, le Canada, le Liban, Taïwan, etc.

Histoire et périple américain du nounours Bazile

Voici l’histoire et le périple américain du nounours de CÉVÉ, qui a donné la collection nounours « Young Forever », contée par elle-même : « J’ai été invitée, il y a quatre ans, au musée Pompon pour une exposition personnelle avec uniquement des pièces animalières en argenture. Pour Pompon, je n’ai pas voulu étaler une grande sculpture ou faire un ours, car celui de Pompon est le plus abouti. Donc j’ai fait un grand nounours. C’est celui-ci. Ce nounours est arrivé ensuite à New-York par hasard, j’en ai réalisé un pour l’Hôtel Baccarat qui est situé dans le quartier de Midtown à Manhattan, en face du Museum of Modern Art (MoMA). Cette pièce a été repérée par un galeriste qui m’a demandé si je pouvais créer une collection pour faire une exposition à New-York. J’ai eu 6 mois pour créer 8 petits nounours dans des postures et des tailles différentes. Cette exposition, qui a eu lieu il y a trois ans, s’appelait « Young Forever » car dans chacun de nous il a un ours qui demeure. De là, un galeriste à Miami m’a demandé de venir pour Art Basel, puis je suis allée aux Fashion Awards de Los Angeles où j’étais la seule artiste invitée. C’était très amusant parce qu’il y avait mes nounours avec de nombreuses célébrités. Les nounours ont ensuite été dans la Napa Valley avant de revenir en France. Depuis, je crée des animaux et des nounours », conclut-elle, sur un grand sourire.

Informations pratiques & tarifs des œuvres

Exposition gratuite, galerie Bel-Air Fine Art, et en plein air au
Village Royal
25 Rue Royale, 75008 Paris

Dates & horaires
Du lundi au dimanche de 9h30 à 19h jusqu’à Février 2021.

Tarifs (en galerie)

-1 500 € pour ne figurine de 11 cm
-18 500 € pour une figurine de 80 cm
-Jusqu’à 93 500€ pour le nounours de 2,50 mètres

Pour accéder au site web de CÉVÉ cliquez "ICI"

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