
Les derniers chiffres communiqués par FranceAgrimer, dont le dernier conseil pour la filière vin s’est tenu ce mercredi 21 octobre, font ressortir, pour la campagne 2019/2020*, un excédent commercial pour les vins de 8 Mds€, en retrait de 10% par rapport celui de la campagne précédente. Par ailleurs, alors que le marché de la consommation des vins s’inscrivait dans une double-dynamique de baisse globale de la consommation et de valorisation des produits - en clair on consomme moins mais des vins de meilleure qualité donc plus chers - la crise du Coronavirus a modifié ce qui semblait devenir un paradigme en France.
*Période du 1er août au 31 juillet.

Des sorties de chais en retrait de 3%
En amont, cumulées sur 12 mois, globalement les sorties de chais sont pour la campagne 2019/2020 en retrait de 3%, à près de 49,8 Mhl. Les AOC et les VDF (Vins de France - Sans Indication Géographique) accusent un recul de respectivement 3% (avec 28,58 Mhl en AOC) et 21% (6,46 Mhl en VDF). En revanche, les IGP affichent une progression de 10%, à 14,4 Mhl.
Au niveau des transactions en vrac « globalement les volumes sont en baisse et les prix sont en légère hausse. Pour les IGP, les volumes et les valeurs sont relativement stables*, toutes catégories de vins confondues, sauf pour les vins rouges sans mention de cépage », a précisé Didier Josso, délégué de FranceAgrimer pour les filières vin et cidre le 23 septembre, lors d’une conférence de presse. « Les chiffres pour les AOP sont aussi relativement stables, en revanche les prix moyens sont en recul pour les AOP Bordeaux, contrairement aux Bourgogne et Beaujolais.
Enfin, l’écart de prix moyen entre les VSIG blancs et rouges français, espagnols et italiens se maintien, avec une valorisation 2 fois supérieure pour les vins français », a souligné le délégué.
*+2%, en volume et en valeur, à 7,5Mhl et 95,21 €/hl, en données partielles (hors données Interloire), à 52 semaines de campagne.
Une évolution des stocks préoccupante pour les exportations
Autre point abordé, le bilan des disponibilités en Italie et en Espagne, où la campagne 2020/2021 s’ouvre avec des stocks quasi-stables (74 Mhl au 31 juillet 2020, dont 47Mhl de récolte pour l’Italie ; 72,1 Mhl, dont 37,5 Mhl de récolte pour l’Espagne).
Dans ce contexte, dixit FranceAgrimer, le ministère de l’Agriculture espagnol envisage de relever le taux des prestations d’alcool vinique* de 10 à 12,5%, ce qui reviendrait à retirer 1,15 Mhl des disponibilités.
Une stabilité qui s’inscrit cependant dans une tendance pluriannuelle de hausse des stocks et des disponibilités, a précisé le représentant de FranceAgrimer, ce « qui n’est pas un élément de satisfaction au début d’une campagne marquée par un contexte de crise sanitaire et économique, qui pourrait peser durablement sur la consommation et les exportations ».
*Les producteurs de vins français ont comme obligation règlementaire de faire distiller, par un professionnel agréé, l’ensemble de leurs sous-produits de vinification (marcs de raisins, bourbes, lies et éventuellement rebêches). Cette règlementation communautaire s’applique à tous les vignobles de la Communauté Européenne, sauf aux vignobles allemands. C’est la « prestation d’alcool vinique ».

Balance commerciale : recul de 10% de l’excédent
Conséquence directe de la crise sanitaire, la balance commerciale accuse un excédent en recul de 10% par rapport à la période précédente, avec un solde toutefois positif de 8 Mds€. En volume, la France a exporté 13,59 Mhl de vins et en a importé 6,68 Mhl.
« C’est la première fois depuis 2008/2009 que la baisse est aussi marquée », a précisé Didier Josso. Une situation qui s’explique en partie parce que la consommation hors domicile (cafés, hôtels et restaurants) a été affectée - or les vins français sont bien représentés à l’étranger -, et par l’impact négatif sur les ventes, dû à la surtaxe imposée aux vins tranquilles français exportés vers les États-Unis. En outre, la baisse s’explique aussi par une désaffection des pays tiers (hors de l’UE), avec un chiffre en retrait de 12%. Une zone qui a affiché des hausses lors de 5 dernières campagnes.
Les exportations de Champagne en retrait de 16%
L’arrêt de la consommation hors domicile a ainsi impacté les ventes de champagne à l’étrangers (-16% en volume, -14% en valeur) et des AOC (-3% en volume et -10% en valeur). Last but not least : « les chiffres traduisent un comportement accru des consommateurs sur le prix avec des achats de vins moins valorisés ».

Un recul de 2% des ventes en GD France
Sur le marché français de la GD (Grande Distribution), en hypermarché et supermarché, 8,6 MHL de vins tranquilles ont été écoulés lors de cette campagne 2019/2020, pour un montant de 4,1 milliards d’euros, soit une baisse de 2% en volume et en valeur. Seuls les rosés et les blancs affichent, en valeur, des progressions de respectivement 1,2% et 0,9%.
Confinement = dévalorisation des vins
« Les consommateurs se sont tournés vers des vins de moindre valeur, les rosés et les conditionnements en bag-in-boxe » a commenté Pauline Cuenin, chargée d’études consommation pour les filières spécialisées de FranceAgrimer. Alors qu’en juin, après le confinement, une forte hausse des ventes a été observée, les mois de juillet en d’août ont été caractérisés par un retour à la baisse. Parmi les vins effervescents, les AOP et le Champagne ont été les plus impactés par la crise sanitaire. Les vins étrangers en ont tiré profit par rapport au Champagne.
De fin mai à fin août, la progression, en volume et en valeur, a été forte, mais variable selon les catégories de vins. Les vins effervescents étrangers ont été performants par rapport aux champagnes. Mais un retournement de tendance, à la baisse, s’est également produit après l’été, sauf, notamment, pour les vins étrangers. Notons que l’afflux important des ventes en GD durant la période de confinement ne compense pas la baisse des ventes à domicile, a constaté FranceAgrimer.
Pour ce qui est du bilan de l’année « on peut s’attendre à ce que les baisses soient plus importantes encore, alerte Didier Josso, qui ajoute que la prochaine campagne commence avec de nombreuses incertitudes avec les effets de la crise qui perturbent le marché », sans oublier le Brexit.