La Série « Seuls au Monde », de la photographe Céline Gaille, nous projette dans les clairs obscurs du Portugal à la recherche de ce qu’il fut, au temps d’une grandeur déchue aux traces encore vivaces. Un parcours d’empreintes, réminiscence de disparitions, personnelles ou collectives, sans anachronisme, qui suintent des murs, ou restées là comme un appel téléphonique en suspens.
Photo : Autoportrait au miroir près de la chaise vide, Sesimbra, 2015 © Céline Gaille
Trois années au Portugal
La série de photos « Seuls au Monde » a été réalisée entre 2014 et 2017 à Lisbonne, Coimbra, Evora, Estoril et Trafaria. La photographe a passé près de trois ans au Portugal qu’elle décrit comme un « pays inondé de lumière et de noirceur » pour mieux selon elle, « en extraire ces images où se projettent mes attentes inextinguibles et un sentiment absolu de la disparition. Ce qui était auparavant invisible s’est révélé dans l’atmosphère océanique et les silences portugais. Il manque quelque chose ou quelqu’un à l’histoire de chacun. C’est d’autant plus vrai au Portugal, dont la splendeur déchue interpelle à chaque coin de rue, et la mélancolie se niche dans les regards pour rappeler sans le dire les souffrances d’un peuple, les exils, la diaspora et la saudade. Il m’a semblé croiser des fantômes dans les yeux des animaux malades, dans l’attitude perdue des individus, dans les endroits décatis et j’ai répercuté en échos dans ces lieux d’oubli, intérieurs ou extérieurs, une recherche éperdue de ma propre énigme. »
Itinéraire
« J’ai eu une vocation de photographe assez tardive et sur le tas », reconnaît avec une humilité non feinte Céline Gaille lorsqu’on l’interroge sur son parcours. Mais, immédiatement, une autre dimension transparaît, complémentaire : la passion pour la photo, comme outil de révélation, à travers la lumière et ses clairs/obscurs, d’une nostalgie ou peut-être d’une conscience de l’état de nomadisme de l’humanité. Tel un état/statut de quête perpétuelle d’un ailleurs où serait nichée la présence de l’autre, du disparu…
Si sa « vocation » de photographe fut tardive, Céline Gaille a très tôt été imprégnée de l’univers de l’image grâce au cinéma d’auteurs qui a nourri son imaginaire visuel à l’adolescence. Diplômée de l’Ecole du Louvre (1er et 2e cycles) et master de Lettres Modernes à la Sorbonne, jeune femme elle a longtemps vécu à Paris son « point de départ vers le monde entier et point d’ancrage » dit-elle, avant de vivre à Rome, New York, Lisbonne et aujourd’hui Toulouse. Son premier emploi dans la galerie d’Art contemporain Jérôme de Noirmont, où elle côtoya notamment des artistes comme la vidéaste et photographe-plasticienne Iranienne Shirin Neshat, l’ont immergée dans un milieu de galeristes et de photographes exposés, et ont rempli son viatique des connaissances propres à développer sa sensibilité artistique. C’est cependant à travers le livre, et la photo imprimée sur support papier, au sein de la maison d’édition Phaidon – qui, dans les années 1990-2000, se tournera vers la publication de livres de photos – que va commencer à se paver, à 25 ans, un chemin vers une carrière de photographe professionnelle.
Ses rencontres
« Après mon expérience en galerie, j’ai eu chez Phaidon, à partir des années 2000, l’immense chance d’être en contact avec un autre monde de la photographie, notamment de pouvoir dialoguer avec les photographes américains Roy DeCarava [NDLR : décédé en octobre 2009] et Nan Goldin, mais également des journalistes de l’agence Magnum, des photojournalistes de terrain, de guerre. Une autre manière de faire de la photo. » Et une source d’enrichissement pour Céline qui commencera à faire réellement de la photographie quelques années plus tard, à Rome, en 2005 à 30 ans, où elle s’inscrit à la Scuola Romana di Fotografia e Cinema qui lui apporte un bagage technique. La ville éternelle sera sa première source d’inspiration, son 1er sujet et « modèle ». « Mon écriture, mélange de voyage et d’introspection, m’entraîne vers des questionnements sur la beauté, l’absence, le sentiment de perte, les origines, l’état du monde ».
Entre argentique et nouvelles démarches photographiques
Céline Gaille a une démarche de « documentaliste » du quotidien de la société et se dit « préoccupée » par de nouvelles démarches photographiques, avec l’utilisation de l’archive et de la fiction. Elle réalise des portraits, des reportages, des contenus visuels et couvre des événements, notamment dans l’univers de la mode.
Ses boîtiers Photo :
– Boitier argentique
Nikon FM2
– 2 boitiers numériques Nikon plein format
D700
D750
Ses optiques :
– Nikon 50mm f1/8 argentique
– Nikon 50mm f1/4 numérique
– Nikon 20mm f2/8 numérique
– Nikon 35mm f2 argentique
– Nikon 105mm f2,5 argentique
– Nikon Zoom 24/70mm
Pour les tirages papier…
Images en noir et blanc issues d’un travail en argentique.
– Hahnemühle photo Rag 308 g
– Epson Traditionnel 330 g
– Hanemülhe William turner (texturé)
« Avant quand je faisais moi-même du tirage, j’utilisais le baryte Ilford warmtone et le papier Bergger brillant (j’essayais tous les tons…) »
Pour les tirages en couleurs (photo numérique) Céline aime les papiers satinés.
Galeries Studios et tarifs
Céline Gaille est représentée par :
-Millennium Images
17D Ellingfort Road, London
-La Galerie Unframed Photo
98 Harwood Rd, Fulham, London
-Le Studio Hans Lucas (Depuis en janvier 2017)
47, rue Ordener 75018 Paris
Prix des 4 images*
– La cabine de téléphone
900 euros 30 x 45 cm / Epson Traditionnel 330 g (hors frais d’envoi et hors encadrement), édition limitée de 4 + 2 épreuves d’artiste.
– L’homme à la fenêtre
900 euros 30 x 45 cm / Epson Traditionnel 330 g (hors frais d’envoi et hors encadrement), édition limitée de 4 + 2 épreuves d’artiste.
– Joana à la fenêtre
900 euros 30 x 45 cm / Epson Traditionnel 330 g (hors frais d’envoi et hors encadrement), édition limitée de 4 + 2 épreuves d’artiste.
– Le miroir
1300 euros en 49,5 x 34,5 cm / Epson Traditionnel 330 g (hors frais d’envoi et hors encadrement), édition limitée de 4 + 2 épreuves d’artiste.
*Pour des formats différents, contacter l’artiste.
Album de photographies
« Accepte-le, un album portugais 1919-1979« , postface de Filipa Lownes Vicente, en français (Traductions anglaise et portugaise à la fin du livre)
Edition limitée à 15 exemplaires du même livre, entièrement fait main tel un véritable album de photos de familles, comprenant les 86 photos sous forme de tirages produits par la fondation Picto, feuilles calques vintage, légendes écrites à la main sur chaque exemplaire. Prix sur demande.
Edition The Eyes Publishing (2016), 35 euros, 80 pages, 86 images.